Moi, sous surveillance? Allons!
La police pourrait scruter vos textos pour savoir à qui vous parlez. Êtes-vous inquiets? Bof.
Le gouvernement pourrait fouiller la liste de tous les sites que vous avez consultés. Paniquez-vous un peu? Zzzz.
La surveillance, on le sait, c’est comme toutes les mauvaises choses : ça n’arrive qu’aux autres. « Personne ne va fouiller mes affaires », qu’on se dit, « je ne fais rien d’intéressant ». Mais en 2017, surveiller quelqu’un est devenu si facile qu’être plate ne protège plus personne.
Les milliers de voyageurs passant par l’aéroport de Toronto en 2014 n’étaient pas plus intéressants que vous et moi. Ça n’a pas empêché le CST (Centre de la sécurité des télécommunications du Canada) de récolter les informations de tout ceux qui utilisaient le wi-fi gratuit de l’aéroport.
Une autre agence d’espionnage canadienne, le SCRS (Service canadien du renseignement de sécurité) , a stocké les données de milliers de citoyens durant 10 ans, en secret. Pourquoi en secret? Parce qu’ils n’avaient pas le droit, évidemment.
Tout. Va. Bien.
Des gens ordinaires comme toi, moi et ta mère, surveillés comme s’ils allaient se faire exploser demain matin. Et alors? «Quand on a rien à cacher», qu’on se dit, «on peut dormir en paix, non?» Oh non. Parce que, justement, on ne sait jamais quand on va avoir quelque chose «à cacher».
Les gouvernements passent et changent. Des fois, les pays élisent des Donald Trump, des gens qui voient des ennemis partout. Du jour au lendemain, ce qui était normal devient suspect.
Disons que je m’intéresse beaucoup aux questions autochtones (vrai). Et que des autochtones manifestent souvent contre la construction de pipelines (aussi vrai). Et disons qu’une loi sur le terrorisme interdit de «menacer les infrastructures essentielles du pays», ce qui inclut les pipelines (encore vrai). Mon intérêt pour les autochtones me rend suspect…
Peut-être suis-je même fiché quelque part dans un registre policier. Tout est en place pour que ça arrive au Canada. Si ce n’est pas déjà arrivé. En secret. Quelque part.
Tant qu’on respecte la loi, on devrait pouvoir lire ce que l’on veut, parler à qui l’on veut, consulter les sites web que l’on veut et regarder ce que l’on veut. Même Mon petit poney, parce que c’est une bonne émission et que… je n’ai pas à me justifier de l’écouter, bon.
Le droit à la vie privée, c’est ça aussi.
C’est dommage que l’article ne se trouve pas dans la version papier, c’est ma section préférée du magazine ^^
C’était seulement pour ce mois-ci! 🙂 Il revient dans le magazine papier dès le mois prochain.